Sur la blogosphère haïtienne, c’est l’anarchie totale. Des internautes, certains « médias », des proches du pouvoir ou de l’opposition utilisent de fausses histoires pour tromper la vigilance de la population. Des politiciens avancent de faux chiffres pour faire leur capital politique. Les fake news (infox) circulent à profusion sur les réseaux sociaux. Tout ceci est possible parce qu’il n’existe pas vraiment de lois sur le numérique en Haïti.
Obligation est faite à l’Etat de donner publicité par voie de presse parlée, écrite et télévisée, en langues créole et française aux lois, arrêtés, décrets, accords internationaux, traités, conventions, à tout ce qui touche la vie nationale, exception faite pour les informations relevant de la sécurité nationale, stipule l’article 40 de la Constitution de 1987. Un principe démocratiquement rarement respecté. Car les journalistes font très souvent face à la rétention d’information des pouvoirs publics. Ce qui rend le travail des journalistes et des enquêteurs assez difficile.
Au sein d’une institution publique, même le responsable de Communication n’est pas au courant de ce qui se passe dans son environnement. Le ministre peut bien maîtriser un dossier, son directeur général détient une partie de l’information, mais le chef de Communication n’est pas débriefé parce qu’ils ne sont pas issus d’un même groupe politique, pour une raison quelconque. Tandis qu’ils interviennent tous dans les médias en livrant chacun des informations contradictoires.
Presque toutes les boîtes publiques possèdent un site internet mais qui n’est jamais à jour. En plus, la plupart des pages Facebook/Twitter des ses institutions sont obsolètes.
Toutes ses faiblesses au niveau de l’Etat haïtien facilitent la propagation des infox (fake news). Des autorités profitent de ces manquements pour faire de la propagande. Des opposants en profitent aussi pour déstabiliser le pays en période de crise.
Le 15 mars 2017, une loi sur la diffamation proposée par l’ex-sénateur du Sud-Est Edwin Daniel Zenny, a été votée à l’unanimité au Sénat de la République. Ce texte comportait 23 articles, répartis en 4 chapitres, liés notamment à des responsabilités relatives à la diffamation par voie de presse, ou par voie électronique.
Mais les grands patrons de médias et les associations de presse ont tout simplement boycotté ce premier essai, puisqu’ils estiment qu’ils n’ont pas été consultés avant l’adoption de ce texte, qui représente selon eux un danger pour la liberté de la presse.
Depuis lors, personne n’en parle. Ces mêmes responsables de presse sont souvent victimes d’actes diffamatoires sur les réseaux sociaux. Personne n’est à l’abri sur la toile.
Que faire face à cette situation chaotique?
• En attendant l’application de la loi anti-diffamatoire, le peuple a intérêt à faire pression sur les parlementaires pour l’adoption d’un texte de loi sur le libre accès à l’information avec les professionnels de la presse. C’est le premier pas à faire dans cette lutte contre l’infox puisque les gouvernements diffusent des informations au compte-gouttes et viole systématiquement le droit de savoir des citoyens ;
• Le parlement haïtien doit réviser la loi sur la diffamation et créer une loi anti fake news, en consultation avec les responsables médiatiques pour freiner les dérives sur les réseaux sociaux et dans les médias traditionnels. Se faisant, la Direction Centrale de la Police judiciaire (DCPJ) et la justice haïtienne auront des provisions légales pour traquer les suspects et punir les coupables sur la toile;
• Le gouvernement doit prendre toutes les mesures nécessaires pour que le Ministère de Communication puisse assumer pleinement ses responsabilités. Bien que toutes les boîtes publiques possèdent leur propre voie de communication, le ministère en question doit recevoir obligatoirement et dans un temps record, toutes les notes de presse, les arrêtés, les lois et les mesures prises par les trois pouvoirs. Il est inconcevable que le site du ministère de la communication soit suspendu ce 2 septembre 2019;
• Il est plus que nécessaire pour chaque média de créer une cellule de fact-checking et de data journalism à l’intérieur de leur rédaction pour démêler le vrai du faux. Aujourd’hui, le “fact-checking” est devenu indispensable dans le métier de journalisme.
• Chaque citoyen doit prendre un peu de recul sur le flot d’informations qu’il reçoit à chaque seconde sur son téléphone ou sur les réseaux sociaux. Vous devez réaliser que vous êtes aussi coupable dans ce jeu de tromperie quand vous partagez des infox (fake news).
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